Selon des témoins, Cyril Sapion, en se mettant au volant du Manitou, aurait obéi aux ordres du patron de l’exploitation pour qui il travaillait. Ce dernier dément. Une enquête est en cours et le véhicule saisi pour expertise.
Mardi matin, Cyril Sapion, 20 ans, perdait la vie, écrasé par le Manitou qu’il conduisait pour aider une voisine à déménager, à Roclenge. Le lourd véhicule s’est retourné, et le jeune homme a été écrasé.
« Cyril était venu chez nous pour aider ma fille à déménager, expliquait Elisabeth Duchateau, propriétaire du manège au sein duquel le drame s’est produit (notre édition de mercredi). Au moment de l’accident, il n’y avait personne à la maison. Ma fille était partie travailler, mon mari n’était pas là, et moi, j’étais à Maastricht. Cyril avait sonné à ma fille le matin pour dire qu’il viendrait l’aider dans la journée. Pour nous, il n’y avait aucun problème à ce qu’il reste tout seul à la maison : c’est un voisin, je le connais depuis qu’il est tout petit. Depuis l’enfance, il était tout le temps à la maison, je savais qu’on pouvait lui faire confiance. »
Une version qui est aujourd’hui mise à mal par plusieurs témoins. Dont Jacqueline Brokken, une ancienne habituée du manège : « Cyril travaillait là depuis ses 16 ans, explique-t-elle. Et s’il a pris le Manitou, c’est parce qu’il a obéi aux ordres de son patron, qui lui a dit d’enlever les crasses qui restaient dans l’appartement et de les faire brûler. »
Selon Mme Brokken, qui cite notamment un témoin direct des faits, le mari de Mme Duchateau était donc bien présent au moment du drame. Et l’utilisation du tracteur ne serait donc pas une initiative personnelle de la victime. « D’autant que le Manitou était en mauvais en état : il n’avait plus de freins et plus de portière. Et ce n’était pas nouveau… »
LE MANITOU EN MAUVAIS ÉTAT
De lourdes accusations que n’hésitent pas à confirmer plusieurs amies du jeune homme, qui ont depuis lors enlevé leurs chevaux du manège incriminé : « Pour le démarrer, il fallait même taper dessus au marteau », complète l’une d’entre elles.
Du côté des responsables du manège, on nie toute responsabilité dans le drame.
La justice liégeoise a toutefois décidé d’approfondir le dossier.
Les responsables du manège ont ainsi été entendus par les enquêteurs, qui tentent notamment de déterminer quelles étaient les relations exactes entre Cyril Sapion et les exploitants. Bénévolat ? Travail non déclaré ? Seule l’enquête permettra de trancher avec certitude.
L’état du véhicule intéresse également au plus haut point les enquêteurs. Le Manitou a donc été saisi et va maintenant être soumis à expertise.
Présentait-il des problèmes techniques susceptibles d’être à l’origine du drame ? Là aussi, il faudra attendre la fin des investigations pour savoir si les accusations portées par plusieurs habituées du manège se vérifient ou non.
Les patrons de l’établissement sont quant à eux formels : Cyril ne travaillait pas au noir et rien ne peut leur être reproché.
Ce sera donc à la justice de faire toute la lumière sur cet accident qui a coûté la vie à un jeune homme de 20 ans.
Dernier adieu. Ses funérailles auront lieu ce samedi
Cyril Sapion allait fêter ses 21 ans et se préparait à entrer dans la vie active. « Ce garçon-là n’attendait qu’une chose, précise Jacqueline Brokken. Il voulait passer son permis camion et travaillait pour se le payer et se mettre ensuite à son compte. » « Il venait de terminer une formation de chauffeur poids lourd et il devait avoir son permis en juin », continue une amie. Mais il n’en sera finalement rien. Depuis hier, Cyril Sapion repose en effet au funérarium Joye, à Glons (rue Lulay), où les visites sont autorisées de 17 à 19h. Ses funérailles se dérouleront samedi à 10h30. La cérémonie se tiendra à l’église de Bassenge, où les amis du jeune homme ont d’ores et déjà promis de venir nombreux. Une page Facebook « Haie d’honneur pour notre ami Cyril » a d’ailleurs été créée par le groupe VAG Liège, qui rassemble les amoureux de belles carrosseries, dont faisait partie le jeune Bassengeois.
(GEOFFREY WOLFF, La Meuse du vendredi 26 février 2016)